STRATEGIES DU DISCOURS ANTI-AUTORITAIRE DANS LES CHANSONS DE BENEDETTI. Par Atencio Karina et Alburquerque Luis

In Le discours autoritaire en Amérique Latine de 1970 à nos jours. Presses Universitaire de Rennes, 2007 pp 121-133. 

En 1976, Mario Benedetti s’exile à Cuba. La même année, un disque contenant trois textes du poète va paraître. Il s’agit de l’album, de Claudia et Alberto Gambino, qui aura pour titre Quiero decir tu nombre, libertad. Les noms de ces trois compositions «  Decir que no », « Vamos juntos », et « Hombre que mira a su país » évoquent eux-mêmes la ligne thématique de l’œuvre de cet auteur uruguayen. Nous nous appuyons sur une partie de l’œuvre de Benedetti: ses chansons. La chanson est souvent considérée comme un genre mineur, cependant, elle est une référence incontournable pour comprendre la trajectoire de la vie et de la production littéraire de cet écrivain. Dans ce travail, nous formulons des hypothèses sur les stratégies discursives employées pour faire face aux tactiques de désinformation et de propagande que l’on peut constater dans le discours des gouvernements autoritaires.

Les dictatures hispano-américaines, particulièrement celles des années 70, vont avoir un écho important dans la société contemporaine. En 1973, Allende est assassiné et Pinochet s’empare du pouvoir au Chili. En 1976, un coup d’état secoue l’Argentine et ouvre la période de la dictature du Général Videla. De façon analogue, la situation n’est pas meilleure en Uruguay qui avait cessé d’être appelé « la  Suisse d’Amérique »1. En 1971, les forces armées uruguayennes remplacent la Garde Métropolitaine, et un processus commence alors, il débouchera dans « l’auto putsch2 » de 1973. Le 1er janvier 1974, la période d’exile de Benedetti commence, il ne reviendra plus en Uruguay jusqu’en 1985, c’est à dire, après le retour de la démocratie.